Au début du 20 ème siècle, un mouvement artistique baptisé cubisme va révolutionner la peinture et la sculpture. Avec cette nouvelle représentation des objets en multipliant les points de vue dans une seule œuvre, le cubisme a entamé le premier pas vers l’art abstrait.
Origine du cubisme
L’origine du cubisme est associée à Pablo Picasso et à Georges Braque puisque ce sont les deux peintres qui ont développé ce mouvement à partir de 1907. Toutefois, il est important de préciser que l’inspiration vient de Paul Cézanne. C’est ce dernier qui a parlé en premier d’un traitement de la nature par le cylindre, la sphère et le cône. Une phrase qui a retenu l’attention de Picasso. Mais ce n’est pas tout, Picasso s’intéresse également à la représentation du visage dans l’art africain, un art dit primitif. Ceci dit, bien que les deux artistes aient posé les bases de ce mouvement artistique, le terme cubisme vient d’Henri Matisse qui en 1908 qualifie le tableau « Maisons à l’Estaque » de Georges Braque de « cubiste ». Le critique d’art Louis Vauxcelles reprendra le terme pour désigner les demeures géométriques en utilisant « petits cubes ». Trois ans après les prémices du cubisme; le mouvement s’étend et gagne du terrain auprès de plusieurs artistes dans la région parisienne, notamment Juan Gris, Albert Gleizes, Jean Metzinger ou bien encore Robert et Sonia Delaunay et bien d’autres encore. Cette période est celle du cubisme analytique. D’ailleurs, en 1911, Guillaume Apollinaire reconnaît le terme pour désigner les artistes ayant exposé leurs œuvres aux Indépendants de Bruxelles. De leur côté, Albert Gleizes et Jean Metzinger publient le premier traité théorique Du Cubisme en 1912. La compréhension de ce mouvement artistique permet de mieux cerner l’évolution de la peinture art abstrait.
Rupture des liens avec l’art classique
Le cubisme est une révolution dans la mesure où il s’oppose sur de nombreux points au classique et à l’académisme pictural. La peinture cubiste fonctionne avec ses propres lois qui défient toutes les traditions artistiques occidentales. Autant de points de vue possibles dans une seule œuvre, des tableaux aux formes géométriques, des imprimés et des éléments de trompe l’œil intégrés dans la composition des toiles ou encore le collage, sont désormais les marques d’écriture d’une nouvelle génération de peintres qui explorent le paradoxe de la peinture. Grâce à ce mouvement artistique, les représentations figuratives ont laissé la place à une abstraction presque totale. Toutefois, à la différence de ce que nous entendons aujourd’hui de dessin abstrait, le cubisme reste inspiré par la réalité. D’ailleurs, si nous nous attardons sur le travail de Braque et de Picasso, nous nous rendons compte qu’ils appliquent leurs nouvelles techniques aux paysages, aux natures mortes et à la figure humaine. Ainsi, nous éviterons de parler de cubisme abstrait puisque l’abstraction n’est pas totale, en tout cas, pour ce mouvement. Ceci dit, il est indéniable que le cubisme représente un point de départ essentiel au développement de la peinture art abstrait.
Influence du cubisme
Outre le fait que le cubisme a ouvert la voie à l’oeuvre abstraite et à d’autres mouvements (l’orphisme, le futurisme, le Bauhaus, le rayonnisme, etc.), il a également influencé d’autres disciplines artistiques. Dans l’univers de la sculpture par exemple, sous l’impulsion de Pablo Picasso lui-même, d’autres sculpteurs vont s’initier à l’exercice de la sculpture cubiste. Parmi les plus notables, il y a notamment Alexandre Archipenko, Jacques Lipchitz, Joseph Csaky, Henri Laurens, Henri Gaudier-Brzeska, Raymond Duchamp-Villon, Pablo Gargallo, et Ossip Zadkine. La même influence est identifiée dans la littérature. Dans son recueil Alcools paru en 1931, Guillaume Apollinaire fait une expérience un peu étrange avec des poèmes dépourvus de ponctuation et utilisant un enchevêtrement des figures de style. Ainsi, à la lecture, le lecteur perd de vue le sujet, l’objet, et même le sens du texte lui-même. Ce qui a pour objectif principal d’appuyer l’intitulé du recueil qui est Alcools, où le poète lui-même est donc sous l’influence de la substance.